Il ne fait aucun doute que les allergies alimentaires chez les enfants représentent un sujet d’attention en santé pédiatrique mondiale, car elles altèrent la qualité de vie de l’enfant et de la famille. Malgré leur intérêt, certains mythes sur les allergies alimentaires chez les enfants prévalent dans de nombreuses familles, rendant difficile un diagnostic précoce et un traitement approprié.
Pour cette raison, nous voulons parler de certaines des idées fausses concernant les allergies alimentaires des enfants. De cette façon, il sera possible de parvenir à une meilleure approche et de connaître les symptômes les plus courants. Bien sûr, la principale recommandation est toujours de s’orienter avec le professionnel de la santé.
Mythes courants sur les allergies alimentaires chez les enfants
Les mythes entourant les allergies alimentaires existent depuis longtemps. Ils ont commencé par la mauvaise utilisation de cette dénomination. Sous le terme « allergie alimentaire », on regroupe généralement de nombreux troubles liés à des réactions indésirables aux aliments, sans que tous constituent réellement une allergie alimentaire. Passons en revue quels sont les mythes les plus courants pour commencer à les démanteler.
1. N’importe quelle gêne après avoir mangé représente une allergie alimentaire
Faux. L’un des mythes les plus fréquents consiste à confondre une intolérance alimentaire avec une allergie. Mais selon ce que l’équipe de recherche de Gupta clarifie dans le magazine JAMA Network Open, les intolérances sont des réactions indésirables qui ne sont pas immuno-médiées, contrairement aux allergies alimentaires qui le sont.
Une allergie alimentaire est médiée par le système immunitaire, se déclenche à cause de l’exposition à un aliment et disparaît en son absence. La réponse immunitaire peut être humorale ou cellulaire.
L’intolérance alimentaire est due à des carences enzymatiques, comme l’intolérance au lactose ou au fructose, ou à un effet pharmacologique. Dans d’autres cas, il n’y a pas d’explication organique à ce phénomène.
2. Les enfants héritent des allergies alimentaires de leurs parents.
Ce n’est pas tout à fait vrai. Un article publié dans Europe PMC en 2018 suggère que toutes les allergies ne sont pas héréditaires, puisque des facteurs environnementaux influencent également leur genèse.
Un enfant peut développer une allergie alimentaire même si ses parents n’en ont pas. De même, un enfant peut ne pas développer d’allergie même si un parent est allergique à un aliment.
3. Une exposition précoce aux allergènes alimentaires peut provoquer une allergie
Faux. Contrairement à ce mythe, les lignes directrices actuelles suggèrent que l’exposition précoce des nourrissons aux aliments peut être bénéfique. En ce sens, le New England Journal of Medicine montre une étude dans laquelle on peut lire que l’exposition aux arachides peut réduire l’incidence des allergies chez les enfants à haut risque de le développer.
4. Manger « juste un peu » de l’aliment qui déclenche l’allergie ne fait pas de mal
Faux. Ne pas accorder d’importance à la manifestation de certains symptômes, aussi bénins soient-ils après avoir mangé un aliment, c’est tomber dans une grave erreur. Il est possible que, lors du prochain contact avec des aliments, la réaction allergique soit plus importante ou potentiellement mortelle. La réaction peut même se produire en les touchant ou en les inhalant.
5. Les allergies alimentaires sont toujours graves
Ce n’est pas vrai. Bien que les allergies alimentaires puissent être dangereuses et potentiellement mortelles, toutes les réactions ne sont pas anaphylactiques. En ce sens, le guide pour le diagnostic et la prise en charge des allergies alimentaires publié dans la revue Nutrition Research mentionne que les réactions sont très variées et que cela dépend de multiples facteurs.
6. En cas de suspicion d’allergie à un aliment, celui-ci doit être retiré
Ce n’est pas la forme de gestion thérapeutique la plus appropriée. Si on retire complètement l’aliment, cela peut interférer avec les examens complémentaires et, par conséquent, avec le diagnostic. L’allergologue est le professionnel le plus compétent pour ordonner ou non le retrait d’un aliment de l’alimentation. En cas de retrait, il indiquera également comment procéder.
D’autre part, en tant que parents, nous devons être prêts à reconnaître les symptômes courants d’une allergie alimentaire et à ne pas les confondre avec ceux d’une intolérance alimentaire. De cette façon, nous aidons le diagnostic du professionnel de la santé.
Comment se manifestent les allergies alimentaires ?
Les réactions les plus fréquentes d’une allergie alimentaire sont l’urticaire, c’est-à-dire l’apparition de plaques qui démangent sur la peau, accompagnées d’un gonflement. Celles-ci apparaissent entre 70 % et 80 % des cas dans la première heure après avoir mangé l’aliment.
Ces manifestations cutanées s’accompagnent de symptômes respiratoires, comme la rhinoconjonctivite et le bronchospasme. Il peut également y avoir des nausées, des vomissements, de la diarrhée, des coliques et une chute de la pression artérielle.
Un autre symptôme fréquent est le syndrome d’allergie orale (SAO), qui se caractérise par des démangeaisons et une sensation de picotement dans la cavité buccale et le pharynx. Il peut aussi démanger autour de la bouche.
Que faire si l’on remarque certains symptômes ?
La première chose à faire est de consulter le pédiatre, surtout si la réaction allergique est active. Ainsi, cela aidera le diagnostic. Si le pédiatre le juge utile, consultez un spécialiste des allergies.
Pour arrêter la réaction aiguë, on utilise des antihistaminiques et, dans les cas plus graves, d’autres médicaments prescrits par le médecin. Par exemple, en cas d’anaphylaxie, l’adrénaline injectable est le traitement de choix.
L’aliment déclenchant l’allergie doit être identifié et évité. Lisez même attentivement les étiquettes des produits alimentaires et faites attention aux ingrédients des recettes en cas de repas à l’extérieur de la maison.
Pourquoi est-il important de démonter les mythes ?
Les allergies alimentaires représentent un problème de santé qui doit être pris en charge par les professionnels de santé, dès leur diagnostic et leur traitement. Il est important de ne pas les confondre avec des intolérances à certains aliments car l’approche est différente.
Les croyances familiales concernant les allergies peuvent semer la confusion et compliquer le traitement rapide de la maladie. Une fois que le professionnel aura identifié l’aliment responsable de l’allergie, il vous indiquera comment le retirer complètement de l’alimentation.
Bibliographie
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