Nous avons tendance à croire, à tort, que les enfants sont flexibles, adaptables et capables de sortir indemnes de l’adversité. Nous pensons que dans quelques années, ils ne se souviendront plus de ce qui s’est passé. Parfois, nous les soumettons même à des actes que nous ne commettrions jamais avec un adulte afin de les « éduquer ». Si nous étions conscients de la façon dont la souffrance affecte le cerveau de l’enfant, nous y réfléchirions à deux fois.
Si votre partenaire avait peur de quelque chose, l’enfermeriez-vous dans une pièce, dans le noir, jusqu’à ce qu’il arrête de demander de l’aide ? Non, pas vrai ? Au lieu de cela, vous le prendriez dans vos bras et resteriez à ses côtés, en lui disant que tout va bien. Alors pourquoi laissons-nous les bébés avec leur peur toutes les nuits, seuls et dans le noir ?
Si votre ami ou votre patron fait une erreur ou se comporte d’une manière que vous n’aimez pas, lui répondez-vous en l’insultant, en le frappant ou en lui criant dessus ? Alors, pourquoi le faisons-nous avec les plus petits ? Dans notre empressement à transmettre de la discipline, nous oublions de montrer de l’empathie, du respect et de l’amour pour ces petits êtres en développement, sans réaliser à quel point nous affectons leur croissance.
Comment la souffrance affecte-t-elle le cerveau de l’enfant ?
La souffrance peut se présenter de différentes manières dans la vie d’un enfant. Il peut être victime de violence physique, sexuelle ou psychologique mais il peut aussi souffrir de l’abandon, du rejet ou de la négligence de ses parents. Même les parents avec de bonnes intentions peuvent nuire à l’enfant s’ils agissent inconsciemment.
Les conséquences dépendront de l’intensité de cette souffrance, ainsi que d’autres variables. Cependant, certaines découvertes prouvent que les dommages dans l’enfance ont de graves répercussions sur un cerveau en développement.
Anxiété et hypervigilance
Une étude a été menée pour déterminer les réactions cérébrales d’enfants issus d’environnements agressifs. Pour ce faire, on leur montrait des visages aux traits menaçants (en colère), tristes ou neutres. Pendant ce temps, des scanners cérébraux enregistraient les réponses à ces stimuli.
La recherche a confirmé que les enfants issus de foyers violents réagissaient beaucoup plus fortement aux visages en colère. Une fois exposées à ces images, l’amygdale et l’insula cérébrale antérieure s’activaient de façon soudaine. Ces deux régions du cerveau sont chargées de détecter les dangers et les menaces et de lancer les mécanismes de combat ou de fuite pour garantir la survie.
On peut en déduire que le cerveau de ces enfants est constamment alerte, actif et en attente, à la recherche de dangers et de menaces. La souffrance continue à laquelle ils sont exposés a conduit leur cerveau à devenir hyper-vigilant.
Cela provoque chez les tout-petits une énorme usure émotionnelle et une forte anxiété qu’ils ne savent pas comment gérer. De plus, il est très probable que cette anxiété et cette hypervigilance se poursuivront tout au long de l’âge adulte.
Personnalité antisociale
Une autre étude menée sur des personnes diagnostiquées avec un trouble de la personnalité antisociale a révélé des informations intéressantes. En examinant leur cerveau par IRM, on a constaté que ce dernier montrait une maturation accélérée dans certaines régions. Et que cela s’est produit à la suite d’une intense souffrance émotionnelle pendant l’enfance.
La situation difficile a poussé le cerveau de l’enfant vers une hypermaturation précoce afin de l’aider à devenir immunisé contre la souffrance. Cela se voit à travers l’excès de myélinisation, une matière grise fine et trop de matière blanche.
Cependant, la conséquence de tout cela est que cet enfant finit par devenir un adulte dépourvu d’empathie, de remords et de scrupules. Une personne présentant un risque plus élevé de commettre des crimes et d’utiliser d’autres personnes comme elle le souhaite.
La souffrance façonne le cerveau de l’enfant
Nous devons garder à l’esprit que l’enfance est une étape critique de notre développement. Tout ce que nous apprenons et absorbons au cours de ces années façonnera nos connexions cérébrales et, par conséquent, notre personnalité. La souffrance durant l’enfance a un fort impact sur le développement psychique d’une personne, conditionnant même sa vie d’adulte.
De nombreux troubles et désordres mentaux sont liés et trouvent leur origine dans des événements survenus pendant l’enfance. Ainsi, la meilleure chose que vous puissiez faire pour vos enfants est de leur offrir quelques premières années de vie empreintes de respect, d’écoute, de compréhension et d’amour. N’oubliez pas que vous façonnez leur avenir.
Bibliographie
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