La relation entre l’allaitement et le système immunitaire du bébé

On a toujours pensé qu'il existait un lien entre l'allaitement et le système immunitaire du bébé. Nous vous en parlons dans cet article.

Les grandes organisations qui veillent à la santé recommandent le lait maternel comme aliment exclusif des enfants jusqu’à 6 mois. L’une des raisons, en plus de la nutrition, est que l’allaitement et le système immunitaire du bébé créent une relation qui aide à combattre et à prévenir les maladies infectieuses.

Avec ses nutriments et d’autres composants actifs du lait maternel, ce dernier constitue une barrière protectrice pour le bébé. Ceci se produit dès la naissance, avec la sécrétion du premier lait, également appelé colostrum. Si vous restez avec nous, vous allez découvrir comment le lait maternel construit et renforce le système immunitaire du bébé pour qu’il grandisse en meilleure santé.

Qu’est-ce que le système immunitaire et comment se développe-t-il chez le bébé ?

Vous avez sûrement entendu dire, en tant que mère, qu’il faut renforcer les défenses de votre enfant contre les maladies. Pour cette raison, le pédiatre indique un allaitement maternel exclusif et un plan de vaccination. Mais savons-nous vraiment ce qu’est le système immunitaire et comment il se forme chez le bébé ?

Le système immunitaire est un mécanisme de défense naturel dont dispose l’organisme pour combattre certaines infections. Celles-ci sont généralement causées par des bactéries ou des virus. Chez l’enfant, ce mécanisme est assuré par la mère à 2 moments différents :

  1. Avant sa naissance : elle lui transmet une partie de son immunité alors qu’il se développe encore dans le ventre maternel. À la naissance, il possède donc déjà une défense qui est temporaire.
  2. Pendant l’allaitement : au moins 1 heure après la naissance. Le lait maternel contient des centaines à des milliers de molécules bioactives qui protègent et renforcent le système immunitaire contre les infections. Selon les directives pour l’alimentation complémentaire chez les nourrissons en bonne santé, il doit rester présent pendant 2 ans en soutien au nouveau régime.
L’allaitement fournit des bactéries saines à l’intestin du bébé. Ce microbiote va se transformer en barrière protectrice pour faire face à divers risques sanitaires, même à l’âge adulte.

L’allaitement et le système immunitaire du bébé

Une révision de 2022, dans la revue Frontiers in Immunology, explique que les fonctions des différents composants du lait maternel sont loin d’être entièrement compris. Mais ce que l’on sait, c’est que l’allaitement fournit des cellules et des nutriments qui aident à renforcer le système immunitaire du bébé.

Nutriments bioactifs

Il y a quelque temps, il a été publié que le lait maternel contenait des nutriments ayant une action protectrice contre les virus, les bactéries et les parasites. Certaines protéines empêchent la nutrition des bactéries pathogènes. C’est le cas de la lactoferrine, qui lie le fer et fixe la vitamine B12 et l’acide folique. De plus, il existe des enzymes, telles que le lysozyme et la lactoperoxydase, qui les détruisent.

En outre, le lait contient des facteurs anti-infectieux, tels que le facteur bifido, qui stimulent la croissance de bactéries bénéfiques comme Lactobacillus et Bifidobacterium. Celles-ci font partie du microbiote intestinal de l’enfant et empêchent la croissance de germes intestinaux nocifs. D’autres facteurs anti-infectieux du lait maternel sont les oligosaccharides, les gangliosides et le facteur de résistance à la bactérie staphylocoque.

Cellules mères

Les mères transmettent leur immunité à l’enfant pendant la grossesse et après la naissance. Une étude récente a confirmé que le lait maternel contenait des cellules souches, dont les cellules immunitaires représentent au moins 2 pour 100 millilitres. Un bébé consomme par jour entre 0,5 et 1,5 litre de lait maternel. Cependant, le passage de ces cellules vers l’intestin du nouveau-né puis vers le sang est toujours à l’étude.

Cellules immunitaires innées

L’examen indique également qu’en plus des cellules souches, le lait maternel contient d’autres cellules immunitaires. Celles-ci fournissent une immunité active au nouveau-né en raison de leur capacité à produire des molécules bioactives pour la défense. Parmi elles, nous trouvons :

  • Macrophages : elles détectent les microbes pathogènes ou les cellules infectées. Elles représentent 80 % du colostrum et du lait de transition. Par conséquent, il est important de commencer l’allaitement au moins 1 heure après l’accouchement et de continuer exclusivement jusqu’à ce que le bébé ait 6 mois.
  • Neutrophiles : elles préviennent les infections en bloquant les particules et les micro-organismes envahisseurs. Une étude lue dans la revue PloS One en 2015 a remarqué que les niveaux de neutrophiles augmentaient progressivement jusqu’à ce que le lait mûrisse.
  • Cellules tueuses naturelles (NK) : celles-ci agissent directement contre l’infection mais activent également d’autres cellules immunitaires. Elles sont présentes en quantités optimales dans le lait maternel et représentent 2 % de toutes les cellules du lait mature.
  • Cellules lymphoïdes innées (ILC) : JAMA Pediatrics, en 2018, présente l’une des découvertes les plus récentes dans la composition du lait maternel. Les ILC peuvent façonner l’immunité innée du nouveau-né car ce sont des acteurs importants du microbiote intestinal et de son immunité adaptative.
L’allaitement maternel doit être exclusif pour le bébé au cours des 6 premiers mois de sa vie, car il fournit les nutriments dans les quantités requises et contient des cellules qui aident à construire et à renforcer son système immunitaire.

Cellules immunitaires adaptatives

Parmi ce groupe de cellules, nous trouvons les éléments suivants :

  • Lymphocytes T : ce sont des acteurs clés de l’immunité adaptative et elles représentent 5 à 10 % de tous les leucocytes du lait maternel.
  • Lymphocytes B : la présence d’anticorps IgA, IgG, IgM dans le lait maternel est produite par ces lymphocytes. Les anticorps neutralisent et éliminent les virus et les bactéries pathogènes, ainsi que les toxines et les substances produites lors des processus inflammatoires.
  • Microvésicules extracellulaires : on a rapporté la présence de vésicules extracellulaires dans le lait maternel, qui semblent configurer le système immunitaire du nourrisson et, en particulier, sa réponse intestinale.

Cytokines et chimiokines

Les cellules immunitaires du lait maternel peuvent produire de petites protéines appelées cytokines et chimiokines qui façonnent la maturation et le développement des cellules immunitaires chez les bébés.

Microbiote du lait maternel

Le lait maternel contient un grand nombre d’espèces bactériennes aux propriétés antimicrobiennes et bénéfiques pour la santé. Ce microbiote comprend des probiotiques, un microbiote bénéfique et un microbiote commensal, qui contribuent à l’intégrité de la barrière intestinale.

Le lait maternel semble être la deuxième plus grande source de bactéries pour le bébé après l’accouchement. De plus, il existe plus de 100 espèces, parmi lesquelles Lactobacillus et Bifidobacterium. Ces bactéries sont connues sous le nom de probiotiques en raison de leur effet positif sur la santé et font partie de la barrière intestinale qui combat les micro-organismes pathogènes.

Les bébés sont-ils protégés par l’allaitement ?

Il ne fait aucun doute que l’allaitement protège les enfants contre les infections et autres maladies. En ce sens, les propriétés anti-infectieuses et immunitaires de cet aliment sont bien documentées.

La tâche des mères est de veiller à ce que le bébé reçoive, dès 1 heure après la naissance, le colostrum et tout le lait maternel dont il a besoin. Son bénéfice est si efficace qu’on le recommande jusqu’à 2 ans, en complément d’une alimentation complémentaire. N’oubliez pas que c’est le pédiatre qui contrôlera le développement de l’enfant. Ainsi, la mère et le médecin décideront ensemble d’autres mesures de protection durant la croissance du petit.

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Toutes les sources citées ont été minutieusement examinées par notre équipe afin de garantir leur qualité, fiabilité, pertinence et validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et d’une précision académique ou scientifique.

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