On parle souvent de la grossesse comme d’une étape idyllique, où la femme coule détendue dans les neuf lunes. Cependant, cette image est très lointaine pour certaines personnes, qui vivent cette étape avec beaucoup d’anxiété et d’inquiétude. Outre le manque de jouissance d’un moment clé de la vie, le problème réside dans les effets négatifs du stress pendant la grossesse.
En effet, non seulement c’est un facteur responsable de la mauvaise humeur de la femme enceinte, mais cela peut aussi affecter le développement du fœtus et même déclencher une naissance prématurée.
Découvrons-en davantage sur le stress gestationnel et comment minimiser ses dommages pendant la grossesse.
Stress et grossesse
Le stress est une réaction instinctive et adaptative à une nouvelle situation perçue comme menaçante. Cela implique des changements soudains et momentanés, de sorte que l’organisme menacé peut fuir ou combattre.
Lorsque cette réaction se maintient dans le temps, elle finit par affecter la santé de l’individu. En effet, pendant la grossesse, la mère et le bébé sont reliés par le placenta, le stress de l’un affecte donc inévitablement l’autre.
Compte tenu de la chronicité de cette situation, le corps de la mère commence à libérer du cortisol (qui est l’hormone du stress) de façon permanente. Cela affecte non seulement l’humeur de la mère, mais aussi le développement de son bébé.
Voici maintenant 5 conséquences négatives du stress sur la santé maternelle et fœtale.
1. Naissance prématurée
Certaines études confirment que le stress peut augmenter le risque que la grossesse n’arrive pas à terme, mais se termine prématurément (avant 37 semaines). Bien sûr, le stress n’est pas le seul facteur de risque de cette condition. Toutefois, c’est un facteur très important et, surtout, évitable.
2. Faible poids à la naissance
D’autre part, Arranz Betegón et al ont décrit que le faible poids du bébé à la naissance est une autre des grandes conséquences du stress gestationnel. Cependant, lorsque ce résultat est analysé, d’autres facteurs psychologiques et émotionnels des femmes enceintes sont également pris en compte. Ce qui peut augmenter le stress maternel.
3. Infections gestationnelles, l’une des conséquences du stress pendant la grossesse
La libération prolongée de cortisol provoque un affaiblissement du système immunitaire. Si l’on tient compte du fait que pendant la grossesse, les défenses d’une femme sont plus faibles que d’habitude, le stress chronique aggrave cette situation.
Bien que certaines infections soient bénignes pour la plupart des adultes, lorsqu’elles surviennent chez une femme enceinte, elles peuvent avoir de graves conséquences. Pour la femme et le fœtus.
4. Problèmes de développement du cerveau du bébé
Pinto Dussan et al ont rapporté que les effets du stress maternel pendant la grossesse peuvent affecter certaines fonctions cognitives des enfants. En effet, un plus grand nombre de cas de nourrissons atteints de trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), de troubles des fonctions exécutives et de déficits de la vitesse de traitement du cerveau ont été décrits chez les mères qui ont subi du stress pendant la grossesse par rapport à celles qui n’en ont pas.
De même, d’autres conséquences négatives du stress maternel sur le cerveau en développement du fœtus ont été proposées. Par exemple, les troubles neuroendocriniens, les retards neurodéveloppementaux moteurs et sensoriels, ou les troubles psychiatriques et comportementaux.
5. Stress fœtal
Aguirre et al ont postulé des effets négatifs du stress maternel pendant la grossesse sur la “programmation fœtale”. Cela fait référence au développement sélectif de certaines zones du cerveau du bébé, en réponse à une augmentation du cortisol dans le sang maternel.
D’une part, une densité plus élevée de connexions neuronales a été démontrée dans les régions du cerveau liées aux réponses impulsives à la peur et à l’anxiété. En revanche, les domaines consacrés au raisonnement, à la planification et au contrôle du comportement ont montré moins de liens.
Par conséquent, le fœtus peut développer une prédisposition innée à réagir négativement au stress. Ou à être incapable de se réguler adéquatement face à des stimuli indésirables.
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Que faire pour réduire les effets du stress pendant la grossesse?
La grossesse n’est pas étrangère aux situations stressantes, puisque de nombreux aspects vitaux sont mis en jeu.
D’une part, la responsabilité de se connaître en fonction d’autrui. C’est-à-dire qu’il faut être bien pour que le bébé le soit aussi. Et de l’autre, la pression exercée par nos propres attentes sur ce fils ou cette fille à naître.
Comme nous venons de l’évoquer, le stress est bien plus que la cause du stress maternel et il convient d’essayer de le contrôler pour qu’il n’entraîne pas de problème majeur. Voici quelques mesures pour le contrer :
- Rechercher des informations. L’un des meilleurs moyens de calmer l’anxiété et l’incertitude est de rechercher, de lire et de poser des questions sur ce que vous ne savez pas. La connaissance est une bonne stratégie pour anticiper ce qui est à venir. Mais attention où vous regardez ! Internet fournit toutes sortes d’informations et c’est toujours une bonne idée de vérifier auprès de votre médecin généraliste ou de votre sage-femme.
- Pratiquer des exercices de méditation et de relaxation. En plus de vous permettre de passer un moment agréable, cela vous aidera à mieux dormir et à préparer votre corps, votre esprit et votre âme pour la nouvelle étape.
- Demander de l’aide. Acceptez de ne pas pouvoir tout gérer et encouragez-vous à rompre avec cette image néfaste et erronée de la “super maman“. Surtout si vous avez déjà des enfants.
- Chercher des moments de détente personnelle. Prenez un moment pour vous connecter avec vous-même et vous libérer des soucis, au moins pour un moment.
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Le stress : un phénomène multidimensionnel
Quand on pense au stress et aux conséquences qu’il a sur la santé physique et mentale des personnes, il est nécessaire de “décomposer” le sujet afin d’analyser chacun de ses aspects.
Le stress est lié à de multiples variables. Telles que les traits de personnalité, le tempérament ou la vulnérabilité psychologique de la personne. De même que le contexte familial, l’imaginaire social, la culture, les conditions de vie et la situation professionnelle et économique influencent.
En d’autres termes, le stress est une condition assez complexe qui nécessite une approche sous différents angles. Si nous ne le concevons pas ainsi, nous risquons de reprocher à la mère de le ressentir. Alors qu’en réalité elle n’a pas le contrôle absolu de sa situation.
Nous savons qu’il existe de multiples pressions et préoccupations autour de la maternité. Pour cette raison, nous voulons aider à rendre visible ce problème qui affecte de nombreuses femmes enceintes.
Enfin, nous espérons que toutes ces informations scientifiquement étayées serviront à la mise en place de politiques publiques de prévention et d’accompagnement de la grossesse. En effet, au-delà de l’effort individuel pour « faire baisser les révolutions », en tant que société il est indispensable de soutenir les futures mères.
Bibliographie
Toutes les sources citées ont été minutieusement examinées par notre équipe afin de garantir leur qualité, fiabilité, pertinence et validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et d’une précision académique ou scientifique.
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