La déficience intellectuelle (DI) et les troubles du spectre autistique (TSA) sont deux conditions fréquemment confondues, même par les professionnels. Les difficultés à se développer dans divers domaines et les comportements inadaptés qui surviennent dans les deux cas rendent difficile de distinguer si nous sommes confrontés à une réalité ou à une autre. Cependant, les deux conditions présentent plusieurs différences et aujourd’hui, nous voulons vous en dire plus à ce sujet.
Il est important de considérer que ces diagnostics ne sont pas exclusifs et peuvent survenir en même temps, ce qui est assez fréquent. Les chiffres varient selon les sources consultées, mais on estime qu’entre 30 et 50 % des enfants atteints de TSA présentent également un certain degré de déficience intellectuelle. Cependant, il est important de déterminer dans quels cas une condition survient, l’autre ou les deux en même temps.
Définitions des TSA et de la déficience intellectuelle
Avant de parler des différences entre les deux constructions, il convient de rappeler en quoi elles consistent. En premier lieu, il convient de mentionner que les deux se classent dans les troubles neurodéveloppementaux. Le fait qu’ils partagent une catégorie permet de supposer que les similitudes entre les deux, tant au niveau biologique qu’en termes d’expression ou de symptomatologie, sont considérables. En effet, certaines recherches suggèrent que les gènes impliqués dans l’apparition des deux conditions sont partagés. Maintenant, en quoi consiste chacune d’entre elles ?
Déficience intellectuelle
Dans le DSM-5 (la dernière version du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), la déficience intellectuelle remplace ce qui était auparavant connu sous le nom de retard mental. Pour la définir, les critères diagnostiques suivants doivent être remplis :
- Troubles du fonctionnement intellectuel. C’est-à-dire les difficultés, les limitations ou les faibles performances qui surviennent dans des domaines tels que le raisonnement, la résolution de problèmes, la planification, la pensée abstraite ou l’apprentissage par l’expérience.
- Déficits dans les capacités d’adaptation. Le fonctionnement de la personne est moindre que la normale. De sorte qu’il ne respecte pas les normes en matière d’autonomie personnelle et de responsabilité sociale. Autrement dit, sans soutien, la personne ne peut pas fonctionner correctement au quotidien.
- Cette condition commence dans la période de développement. Ses premiers signes apparaissent pendant l’enfance et, en tout cas, toujours avant l’âge de 18 ans.
Trouble du spectre autistique (TSA)
De son côté, le TSA englobe des réalités très diverses et hétérogènes. Puisqu’il regroupe plusieurs troubles que l’on considérait auparavant comme indépendants. Parmi eux, l’autisme, le syndrome d’Asperger ou de Rett. Cependant, il présente les critères suivants pour le diagnostiquer :
- Déficits importants dans la communication et l’interaction sociale. Par exemple, des problèmes dans l’approche sociale, dans le maintien des conversations ou dans la capacité de partager des intérêts et des émotions avec les autres. En outre, cela inclut des problèmes de communication non verbale et des difficultés à comprendre les relations sociales.
- Comportements et intérêts restreints et répétitifs. Par exemple, la présence de stéréotypes, l’inflexibilité et la résistance au changement. Aussi, l’apparition d’intérêts fixes et excessivement intenses. De plus, ce point inclut le traitement sensoriel, qui peut être plus ou moins présent.
- Les symptômes sont présents dès la première période de développement.
Quelles sont les principales différences entre TSA et déficience intellectuelle?
En suivant les définitions précédentes, nous pouvons déjà réaliser qu’il existe des différences entre les TSA et la déficience intellectuelle. Voici un résumé.
Fonctionnement intellectuel
La capacité intellectuelle est cruciale dans le diagnostic de la déficience intellectuelle. À tel point qu’auparavant, un QI de 70 ou moins était associé à cette condition. De nos jours, le fonctionnement cognitif de la personne est analysé dans différents domaines, afin de déterminer de quels soutiens elle a besoin.
Dans le cas du TSA, ce point n’est pas la clé. En effet, il existe une grande variabilité à cet égard. Ainsi, il est possible de trouver des personnes ayant un QI inférieur à la moyenne ou d’autres qui se démarquent au niveau de leurs capacités cognitives.
Communication sociale
Dans le TSA, la communication sociale est le point le plus difficile. En général, l’interaction avec les autres et la compréhension de la sphère sociale sont compromises.
En revanche, les personnes ayant une déficience intellectuelle peuvent avoir du mal à fonctionner sur ce plan. Mais cela sera dû à leurs propres limitations cognitives. Ainsi, elle ne serait considérée comme frappante que si les difficultés étaient supérieures à l’âge de développement déterminé pour cette personne.
Comportement adaptatif
Les deux conditions neurodéveloppementales présentent des difficultés à s’adapter à l’environnement et à fonctionner correctement. Mais il existe des différences :
- Dans le cas de la DI, c’est parce que la personne peut avoir besoin de plus de soutien et de répétition pour saisir les normes sociales et s’y adapter.
- Dans le TSA, le principal problème réside dans le manque d’intérêt de la personne à s’impliquer avec les autres. Ainsi que dans ses stéréotypes et ses intérêts restreints.
Traitement sensoriel
Les troubles du traitement sensoriel sont souvent présents dans le TSA. Autrement dit, l’enfant peut être hypersensible ou hypo sensible aux stimuli environnementaux, en plus de montrer un intérêt inhabituel pour certaines lumières, odeurs ou textures. Dans le cas de la déficience intellectuelle, cela ne se produit pas.
Respect des normes
Enfin, nous avons également constaté des différences dans le respect des règles ou consignes entre les personnes avec TSA et les personnes en situation de handicap intellectuel :
- Dans le premier cas, cela est dû à leurs propres limitations cognitives qui entravent la compréhension, le raisonnement et l’apprentissage.
- Dans le second cas, cela survient à la suite d’une inflexibilité au changement, d’intérêts restreints ou de la présence de stéréotypes.
TSA et déficience intellectuelle : distinguer pour mieux accompagner
Enfin, bien que les deux conditions présentent des similitudes, elles présentent également des différences qui méritent d’être prises en compte. En effet, les soutiens dont chaque enfant aura besoin seront différents. De plus, il est particulièrement important d’identifier les cas de coexistence de TSA et de déficience intellectuelle. Car souvent, après avoir posé le diagnostic, la possibilité d’une comorbidité est négligée.
Dans tous les cas, la priorité doit être d’offrir l’aide adéquate qui permet à l’enfant de fonctionner au quotidien, de jouir de la plus grande autonomie possible et de développer son potentiel.
Bibliographie
Toutes les sources citées ont été minutieusement examinées par notre équipe afin de garantir leur qualité, fiabilité, pertinence et validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et d’une précision académique ou scientifique.
- Ladrón, A., Álvarez, M., Sanz, L. J., Antequera, J., Muñoz, J. J. & Almendro, M. T. (2013). DSM-5: Novedades y Criterios Diagnósticos. Centro de Documentación de Estudios y Oposiciones (CEDE). ISBN: 978-84-15542-13-1
- Manzini, M. C., Xiong, L., Shaheen, R., Tambunan, D. E., Di Costanzo, S., Mitisalis, V., … & Walsh, C. A. (2014). CC2D1A regulates human intellectual and social function as well as NF-κB signaling homeostasis. Cell reports, 8(3), 647-655.