Pourquoi les enfants imitent-ils ce qu'ils voient ?

Les enfants commencent à imiter tout ce qu'ils voient quelques minutes après leur naissance. Mais pourquoi fonctionnent-ils de la sorte ?
Pourquoi les enfants imitent-ils ce qu'ils voient ?
Marián Carrero Puerto

Rédigé et vérifié par la psychologue Marián Carrero Puerto.

Dernière mise à jour : 20 décembre, 2022

Les enfants ont la grande capacité d’imiter quand ils observent. Quelques heures à peine après leur naissance, ils imitent les adultes qui se trouvent autour d’eux.

Si, par exemple, sa mère lui tire la langue, le nouveau-né l’imite avec succès en reproduisant le même comportement qu’il a observé. Mais pourquoi les enfants imitent-ils ce qu’ils voient ? À quoi doit-on ce type de comportement ?

Grâce à l’imitation, les enfants gagnent la capacité d’entraîner leurs propres possibilités d’expression. Et, si nous allons un peu plus loin, nous pouvons voir comment ils commencent à se capter en tant qu’agents.

Nous pourrions dire que le nourrisson commence à faire l’expérience de la coïncidence de ce qu’il a perçu avec son comportement, en accord avec la théorie de la copie partagée ou simulation intégrée (Meltzoff, 2007; Meltzoff & Moore, 1977).

Quand les bébés ont entre 12 et 21 jours, ils peuvent imiter des gestes faciaux et manuels. Une telle imitation implique que les nouveaux-nés puissent comparer leurs propres comportements invisibles à des gestes qu’ils voient chez d’autres personnes.

Nous allons dès maintenant nous intéresser à une étude qui montre le moment où les enfants commencent à imiter ce qu’ils voient.

« Ne vous inquiétez pas que vos enfants ne vous écoutent jamais. Inquiétez-vous qu’ils vous regardent toujours. »

– Robert Fulghum –

Une petite fille imitant sa maman.

Les nouveaux-nés imitent les gestes du visage des adultes

Dans une étude menée par Meltzoff AN. et Moore MK., on a évalué la capacité des nouveaux-nés – avec des âges compris entre 0,7 et 71 heures – à imiter 2 gestes du visage des adultes : l’ouverture de la bouche et la protrusion de la langue (le fait de tirer la langue). Les nouveau-nés étaient placés dans une chambre peu éclairée et des équipements vidéos sensibles à l’infrarouge.

Les enregistrements ont ensuite été étudiés par un observateur qui ignorait le geste que l’on montrait aux bébés. On a compté la fréquence et la durée des ouvertures de la bouche des nouveaux-nés et les protubérances de la langue. Les résultats ont montré que les bébés pouvaient imiter ces deux gestes d’adultes.

Cette étude suggère que ce phénomène est dû à trois possibles mécanismes sous-jacents à ce comportement imitatif précoce :

l’apprentissage instrumental ou associatif, les mécanismes de libération innée et l’assemblage intermodal actif, c’est-à-dire l’habileté à reconnaître des stimuli initialement codifiés dans une modalité sensorielle à travers une modalité différente (par exemple, de toucher sans voir à voir uniquement sans toucher).

« L’imitation est la forme la plus sincère d’adulation ».

– Charles Caleb Colton –

Les enfants imitent ce qu’ils voient : à quoi est dû ce type de comportements ?

Les enfants imitent ce qu’ils voient et ceci est dû aux neurones miroirs, découvertes par Giacomo Rizzolatti. Les neurones miroirs sont un type particulier de neurones que les être humains possèdent.

Ils s’activent quand une personne réalise une action ou observe une action similaire réalisée par une autre personne. Les neurones miroirs font partie d’un système de réseaux neuronaux qui rend possible la perception exécution-intention-émotion.

Un bébé imitant sa maman qui fait du sport.

Lorsque nous observons une autre personne, le simple mouvement de sa main, de son pied ou de sa bouche active les mêmes régions spécifiques du cortex moteur, comme si l’observateur réalisait ces mêmes mouvements. Or, le processus va au-delà du simple fait que le mouvement, en étant observé, génère un mouvement similaire latent chez l’observateur.

Le système intègre dans ses circuits neuronaux l’attribution/perception des intentions des autres, comme l’explique la théorie de l’esprit.

La compréhension et l’action interpersonnelle se basent sur notre captation des intentions et motifs des comportements des autres. Pour y arriver, les circuits neuronaux simulent subliminalement les actions que nous observons. Ceci nous permet alors de nous identifier à d’autres personnes.

De cette façon, acteur et observateur se retrouvent dans des états neuronaux très similaires. C’est comme s’ils réalisaient les mêmes actions, en captant les intentions ou en sentant les mêmes émotions.

Imitation et émotions

Nous sommes des êtres sociaux et notre survie dépend de la compréhension des intentions et des émotions que traduisent les comportements manifestes des autres. Les neurones miroirs nous permettent de comprendre l’esprit de nos semblables, non pas à travers le raisonnement conceptuel mais de façon directe, en ressentant et sans avoir à penser.

Les systèmes de neurones miroirs rendent possible l’apprentissage des gestes par imitation : sourire, marcher, parler, danser, jouer au football, etc., mais aussi sentir que nous tombons quand nous voyons une autre personne par-terre, la peine que nous ressentons quand quelqu’un pleure, la joie partagée, entre autres.

« Soyez cohérent avec ce que vous dites et faites et souvenez-vous que l’enfant assimilera davantage vos comportements que vos paroles pour les faire siens au cours de sa vie. Si vous voulez qu’il soit respectueux et aimable, montrez-lui que vous l’êtes aussi. »

– Elsa Punset –

 


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  • Adrian Serrano, J. E. (2008). El desarrollo psicológico infantil. Áreas y procesos fundamentales (Vol. 27). Publicacions de la Universitat Jaume I.
  • García García, E., González Marqués, J., & Maestú Unturbe, F. (2011). Neuronas espejo y teoría de la mente en la explicación de la empatía. Ansiedad y estrés17(2-3), 265-279.
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  • Meltzoff, AN y Moore, MK. (1983). Los recién nacidos imitan los gestos faciales de los adultos. Desarrollo infantil , 702-709.
  • Uríbarri Bilbao, G., Cortina Orts, A., & Triviño Mosquera, M. (2014). Neurociencia, neuroética y biética. Universidad Pontifica Comillas.

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