Pourquoi la proximité familiale peut-elle devenir étouffante ?
La proximité familiale implique l’échange et l’entraide entre les membres du groupe. Ressentir une certaine proximité avec nos proches est quelque chose de nécessaire pour éprouver de l’affection, se sentir précieux et se développer, entre autres. Cependant, il peut y avoir un extrême qui n’est pas positif. Comment agir lorsque la proximité familiale devient étouffante?
Qu’est-ce que la proximité familiale?
De manière générale, une famille a différentes fonctions : soins à ses membres, socialisation et éducation. Selon Minuchin, psychologue expert en thérapie familiale et créateur de l’approche structurelle systémique, une famille est “le groupe naturel qui développe des schémas d’interaction au fil du temps et tend vers la conservation et l’évolution”.
Ce groupe social établit des règles sur la façon de se comporter. Ainsi, cette relation familiale peut être équilibrée, ou être si envahissante qu’elle fonctionne comme un clan. D’après la psychologie systémique, la proximité familiale qui devient étouffante pourrait correspondre à ce que l’on appelle les « familles fusionnelles ». Cela fait référence à un type de famille où il n’y a pas de limites : tout se partage et tout se sait. Lorsque l’un des membres essaie de garder quelque chose pour lui, cela est perçu comme déloyal.
Dans les familles liées, il n’y a pas de place pour l’individualité. Le groupe est au-dessus des besoins ou des intérêts de quelqu’un en particulier. Par exemple, le niveau de fusion est tel qu’il est courant que les membres n’aient aucune intimité. Par exemple, vous entrez dans la chambre de l’autre sans frapper à la porte et vous vous interrompez quoi que vous fassiez.
A quel moment la proximité familiale devient-elle étouffante?
Il y a différentes raisons pour lesquelles la proximité familiale devient suffocante :
- Perte d’identité : les membres de la famille sont définis en fonction de la famille. Ils n’ont pas d’histoire sur eux-mêmes, car il y a peu ou pas d’espaces d’exploration personnelle. Par exemple, on peut remarquer dans les conversations : “parce que nous aimons ça” ou “nous aimons”, sans prononcer le “je”.
- Surprotection des personnes : il est difficile de prendre des décisions chacun pour soi.
- Avis sur tout : il y a une sur-implication. Chacun a le droit de se prononcer sur votre vie et sur ce qui vous arrive. Même si vous demandez la confidentialité, elle ne sera pas respectée.
- Manque de considération et de respect des idées nouvelles : tout ce qui est étrange ou étranger au groupe est a priori rejeté. Les personnes qui tentent d’entrer dans la famille, comme le partenaire d’un membre, sont d’abord mises sous la loupe pour voir si elles méritent la confiance.
- Punition de la désobéissance et de la rébellion : ne pas être d’accord avec les mandats du groupe est vécu comme de la déloyauté. Cela conduit à la manipulation, aux commentaires blessants et à l’affirmation “nous avons toujours été là pour vous et maintenant vous nous payez de cette façon”.
- Il n’y a pas de hiérarchies : comme il n’y a pas de limites, en termes de rôles, les parents sont équivalents à leurs enfants et inversement. En ce sens, il est fréquent qu’un adulte partage des conversations avec des mineurs sur des sujets qui, en réalité, sont du ressort du couple. Ou qu’un enfant prenne des décisions ou donne un avis sur des sujets qui ne le concernent pas.
Enfin, la proximité familiale devient étouffante car elle n’élève qu’une seule position : celle du groupe.
Que faire lorsque la proximité familiale nous étouffe?
Voici quelques-unes des recommandations lorsque vous vous sentez mal à l’aise avec la proximité de la famille.
Travailler la culpabilité
Il est possible que lorsque vous essayez de fixer des limites, vous entendiez des commentaires accusateurs. Cependant, il est important que vous les établissiez pour parvenir à une relation respectueuse dans laquelle vous vous sentez à l’aise.
Accepter le bien du groupe et ce qui est nécessaire pour avoir votre propre espace
L’intimité et le fait de choisir de partager certaines expériences avec d’autres personnes doivent être votre propre décision. C’est notre droit de s’ouvrir ou pas. Cela implique qu’à certains moments, vous aurez besoin du groupe. Mais à d’autres moments vous préférerez ne pas soumettre à “l’opinion publique” ce que vous ressentez ou ce qui vous arrive. Apprenez à vous respecter.
Vivre avec la douleur du changement
Il est important de savoir que, lorsque vous vous engagerez sur le chemin de la différenciation, un certain malaise et une certaine angoisse apparaîtront. Au lieu d’éviter de prendre la décision de ne pas faire face à cette situation, vous devez savoir que tôt ou tard, cette douleur finira par arriver. Par conséquent, vous devez savoir que le changement est une crise. Mais une crise est aussi une opportunité.
Passer du temps à faire des activités pour vous
Essayez d’avoir des moments et des espaces pour apprendre à vous connaître. Par exemple, vous pouvez faire des activités pour explorer ce qui vous intéresse le plus. De cette façon, vous pourrez commencer, petit à petit, à construire votre identité.
Avant d’agir, se demander comment agir
Il est important de remettre en question les décisions qui semblent naturelles ou évidentes. Parfois, elles font partie de votre répertoire de réponses connues. Par conséquent, vous pouvez prendre quelques minutes et essayer de vous connecter avec ce qui vous attire.
Entreprendre une thérapie
Le mieux serait de travailler sur le groupe, c’est-à-dire une proposition de thérapie familiale. Cependant, si cela n’est pas possible, la thérapie individuelle peut également fournir ses outils.
Pour des relations familiales saines…
Pour une bonne relation familiale, il est important de rechercher un équilibre entre le personnel et le collectif. En effet, chaque personne est unique et a besoin de ses propres moments et espaces. Pour votre bien-être, il est important de ne pas se sentir obligé de faire quelque chose que vous ne voulez pas faire. Des modèles pour d’autres types de relations sont également tirés de ces relations familiales. D’où l’importance d’enseigner des valeurs telles que l’acceptation de la différence, l’autonomie et le respect.
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