Les prébiotiques dans le lait maternel : comment fonctionnent-ils ?

Les prébiotiques du lait maternel sont des sucres complexes qui agissent en tant qu'aliment d'une élite de bactéries bénéfiques à la santé du nourrisson.
Les prébiotiques dans le lait maternel : comment fonctionnent-ils ?
Luz Eduviges Thomas-Romero

Rédigé et vérifié par la biochimiste Luz Eduviges Thomas-Romero.

Dernière mise à jour : 20 décembre, 2022

Les prébiotiques sont connus pour être les composés d’une fibre soluble qui, une fois ingérés, ne peuvent être digérés lors de leur passage dans la partie supérieure du système gastro-intestinal.

Suite à cela, lorsque les prébiotiques atteignent le gros intestin, les bactéries résidentes qui peuvent traiter cette fibre les utilisent en tant que source d’énergie. Les prébiotiques stimulent alors la croissance de foyers de bactéries coloniales.

Nous ne devons pas confondre prébiotiques et probiotiques

Leurs noms le suggèrent : les prébiotiques et les probiotiques sont liés. Il est cependant important de comprendre en quoi ils se distinguent. Par définition, les probiotiques sont des micro-organismes vivants qui exercent une influence positive sur l’état de santé. Parmi eux, nous recensons les lactobacilles et les bifidobactéries (qui font toutes deux partie du groupe de bactéries appelées acido-lactiques) et les saccharomyces (un genre de levures).

Par ailleurs, les prébiotiques ne sont pas des bactéries. Il s’agit de composés fournis par la source de l’aliment pour que les probiotiques vivent et prolifèrent dans leur niche, le côlon. Les prébiotiques sont des substances qui agissent en tant qu’aliment pour des organismes probiotiques.

Les molécules des prébiotiques

Pourquoi les bactéries qui résident dans notre intestin sont-elles si importantes ?

Dans un premier temps, parce qu’elles sont très nombreuses. Les bactéries constituent la majeure partie de la flore dans le côlon ; elles représentent plus de la moitié de la masse sèche des selles.

En outre, leur composition est très variable. La flore intestinale se compose de plus d’un milliard d’espèces. Chez chaque personne, il existe une prédominance numérique d’environ 30 ou 40 espèces.

Cette immense quantité de micro-organismes crée un éco-système extraordinairement mature et résistant aux changements venant de l’extérieur. Cet équilibre porte le nom médical d'”homéostasie intestinale”.

L’exposition à des antibiotiques, des infections entériques ou des changements diététiques peut altérer cette homéostasie. Des preuves associent d’ailleurs le déséquilibre de la flore intestinale à une longue liste de maladies. Pour rétablir cet équilibre, on ingère donc des prébiotiques et probiotiques et, dans les cas les plus graves, on effectue des transplantations fécales.

Le contenu du lait maternel est riche en prébiotiques et probiotiques

Actuellement, la science reconnaît que le lait maternel est irremplaçable en tant que facteur d’initiation, de développement et de composition de la flore intestinale du bébé.

Cette information n’est pas encore très répandue mais le lait maternel contient un nombre important de bactéries d’acides lactiques que la mère “donne” à son bébé, pour entamer la colonisation de l’intestin. On estime que le nourrisson ingère à peu près 800 ml de lait par jour. Il reçoit alors entre 100 000 et 100 000 000 de bactéries quotidiennes.

En plus de cela, les glandes mammaires peuvent produire un répertoire extraordinaire de composés prébiotiques. On les appelle les oligosaccharides. L’ingestion conjointe de probiotiques et de prébiotiques est une stratégie gagnante de la nature pour faire en sorte que les “bonnes bactéries” colonisent l’intestin du nourrisson.

Les glucides du lait peuvent être constitués d’une seule molécule de sucre : les monosaccharides. Par exemple, le glucose, le galactose et le fructose. Les oligosaccharides se composent de cinq types de monosaccharides se combinant au hasard pour former des structures linéaires ou avec des ramifications de taille variable.

Une femme en train d'allaiter

Données surprenantes sur les prébiotiques du lait maternel

L’effet proliférant du lait sur les bactéries d’acides lactiques n’est pas lié à une seule substance : il obéit à différents facteurs. Plus particulièrement, l’effet prébiotique du lait a été attribué à la faible concentration de protéines et de phosphates et à la présence de lactoferrine, de lactose, de nucléotides et d’oligosaccharides.

Le rôle prébiotique réel de chacune de ces substances n’est pas encore clairement défini, à l’exception de celui des oligosaccharides, qui est le groupe le plus étudié.

On ignore encore pourquoi l’énorme répertoire d’oligosaccharides varie d’une femme à une autre et, chez la même femme, d’une étape d’allaitement à une autre. On estime que le nombre approximatif d’oligosaccharides peut varier de 150 à 100 000 composés. Au sein de cet univers, on sait qu’il existe une prédominance de la série des galacto-oligosaccharides (GOS).

Fonctions additionnelles des oligosaccharides du lait maternel

Le répertoire d’oligosaccharides du lait est inimitable. Diverses études ont démontré que ces composés peuvent remplir différentes fonctions :

  • Ils peuvent tromper les virus et les bactéries pathogènes. Certaines variantes émulent les oligosaccharides de la paroi intestinale, et plus précisément ceux qu’utilisent les agents pathogènes pour envahir la cellule saine. Lorsque l’agent pathogène s’unit à ce leurre, on réussit à éviter l’infection.
  • Ils peuvent aussi réguler l’activation des cellules immunitaires.

 


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