Catalogués comme problématiques, égoïstes, solitaires, impulsifs, capricieux et introvertis, seuls les enfants uniques ont fait l’objet de mythes et de croyances concernant leur comportement et leur personnalité. Cependant, la psychologie moderne a contribué à réfuter les perceptions supposées de ceux qui n’ont pas de frères et sœurs.
Aujourd’hui, nous savons que grandir avec une fratrie ne détermine pas autant la personnalité d’une personne qu’on le pense. Malgré cela, de nombreuses familles avec un enfant unique doivent faire face à des explications ou à un sentiment de culpabilité. Examinons de plus près les stéréotypes des enfants uniques et ce que la science en dit.
1. Ce sont des enfants narcissiques
L’un des mythes les plus répandus à propos des enfants uniques est la croyance selon laquelle ils sont plus sujets au narcissisme. En effet, depuis longtemps, sous le nom de « syndrome de l’enfant unique », on parle de la tendance à l’égocentrisme de ceux qui n’ont pas de frères et sœurs.
Selon cette position, l’absence de fratrie fait que les enfants se sentent en droit de bénéficier d’un traitement spécial, manquent de considération pour les autres et se mettent au-dessus des autres. Le fait de ne pas avoir à partager l’attention parentale avec un ou plusieurs frères et sœurs expliquerait cette tendance.
Cependant, une étude menée en Allemagne, intitulée La fin d’un stéréotype, note qu’il n’existe aucune preuve pour étayer cette croyance. Les chercheurs ont découvert que les enfants seuls ne sont pas plus narcissiques que ceux qui ont des frères et sœurs, démystifiant ainsi le mythe.
Bien que dans les enquêtes réalisées dans le cadre de l’étude, beaucoup soutiennent que grandir sans frères et sœurs pourrait favoriser des traits narcissiques, dans la recherche pratique, aucune preuve n’a été trouvée pour le prouver. En réalité, ce sont des facteurs génétiques, l’éducation et diverses pratiques parentales qui pourraient favoriser le narcissisme chez les enfants.
2. Les enfants uniques présentent des problèmes émotionnels et comportementaux
La santé mentale des enfants uniques et de ceux ayant des frères et sœurs a également été comparée à de nombreuses reprises. La recherche montre qu’il n’y a pas de différences significatives dans les niveaux d’anxiété, d’estime de soi, de style d’attachement ou de problèmes de comportement entre les enfants avec et sans frères et sœurs.
De plus, dans la plupart des cas, les enfants uniques ne manquent pas de ne pas en avoir. Au contraire, avoir tout le temps et toute l’attention des parents peut être un avantage pour leur développement personnel et émotionnel.
Selon les psychologues, seuls les enfants excellent souvent dans leur capacité à se divertir et ne perçoivent pas la solitude comme un aspect négatif de leur vie. De même, les enfants uniques s’intègrent bien à l’école et n’ont généralement pas de problèmes de comportement dus à la composition familiale.
3. Solitaire et sans amis ?
Un autre mythe courant à propos des enfants uniques est de croire que ce sont des enfants qui ont du mal à se faire des amis, sont introvertis et seuls. Mais des études ont montré le contraire.
Une étude comparative d’enfants d’âge préscolaire avec et sans frères et sœurs a montré qu’il n’y avait pas de différences significatives dans leurs compétences sociales dans les deux groupes. Pour obtenir les résultats, quatre dimensions ont été considérées. A savoir : l’indépendance, l’affirmation de soi, la sociabilité et la conformité.
En revanche, les activités solitaires ne posent pas de problème à ces enfants. Il est courant qu’ils aient moins besoin d’être en contact avec les autres. En tout cas, cela ne veut pas dire qu’ils ont des difficultés à établir des relations.
4. Les enfants uniques sont plus intelligents et ont de meilleures notes
Tous les mythes concernant les enfants uniques ne sont pas négatifs. En effet, l’absence de frères et sœurs est souvent liée à de meilleures notes et résultats scolaires.
Ces enfants ont généralement une meilleure capacité d’adaptation et une plus grande motivation. De plus, ils possèdent souvent d’excellentes compétences linguistiques dès leur plus jeune âge grâce à une interaction constante avec les adultes. Cela peut se traduire par de bonnes notes scolaires.
Les recherches sur les enfants uniques et les résultats scolaires indiquent que les enfants qui grandissent seuls ont de meilleurs résultats scolaires que ceux qui ont des frères et sœurs. Ceci est principalement dû à une combinaison de plusieurs facteurs :
- Ressources monétaires.
- Traits de personnalité.
- Temps parental exclusif.
- Relation étroite entre parents et enfants.
Quoi qu’il en soit, cette différence est plus évidente à l’âge préscolaire et tend à diminuer au fil des années, jusqu’à disparaître chez les étudiants universitaires.
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5. Flexibles et créatifs
Une étude menée en Chine, par exemple, a comparé les comportements et la personnalité d’enfants avec ou sans frères et sœurs. Les chercheurs ont découvert que le fait de ne pas avoir de frères et sœurs était lié à des scores de flexibilité et de créativité plus élevés, mais à moins d’empathie.
Concernant la gentillesse, les scientifiques pensent que vivre avec leurs pairs permet aux enfants ayant des frères et sœurs de mieux comprendre les émotions, les intentions et les états mentaux des autres. Cela favorise le développement de l’empathie.
Même si ces résultats suggèrent que l’environnement familial peut influencer l’évolution du comportement des individus, il n’est pas déterminant. L’éducation, l’attention et les ressources que les parents consacrent à leurs enfants sont également des facteurs importants qui influencent la personnalité de leurs enfants.
Que dit la psychologie des enfants uniques ?
En analysant le développement de la personnalité des enfants, les scientifiques ne trouvent pas de différences majeures entre les personnes ayant ou non des frères et sœurs. Grâce aux études susmentionnées, on peut déduire que la capacité d’interagir avec les autres, l’extraversion, la maturité, l’intelligence, l’autonomie, le niveau de coopération et de maîtrise de soi ne dépendent pas du nombre de membres de la famille.
Bien que certaines études indiquent que les enfants uniques ont des tendances envers certains comportements ou attitudes, à la fois positifs et négatifs, celles-ci ne sont pas définitives. Le développement de la personnalité est un processus complexe influencé par de nombreux autres facteurs.
Que vous grandissiez ou non avec un frère ou une sœur ne semble pas si important. À long terme, la personnalité, les réalisations, les motivations, les relations avec les parents et les autres ne diffèrent pas tellement entre les enfants avec et sans frères et sœurs.
Vaut-il mieux être enfant unique ou avoir des frères et sœurs ?
En considérant les résultats des différentes enquêtes que nous avons mentionnées, nous constatons que grandir seul ou avec quelqu’un d’autre n’exerce pas d’influence significative sur ces aspects.
Dans certains cas, les résultats suggèrent que grandir sans frères et sœurs pourrait être bénéfique. En effet, l’amour, les soins et l’attention reçus au cours des premières années de l’enfance sont la base d’un développement sain sur le plan émotionnel.
Contrairement aux enfants qui ont des frères et sœurs, ceux qui grandissent seuls n’ont pas à rivaliser ni à partager l’attention, l’amour et les ressources matérielles de leurs parents avec qui que ce soit. Cette exclusivité pourrait être considérée comme un avantage.
Enfin, le nombre de membres d’une famille ne devrait pas faire l’objet de ce type de débat. Qu’ils soient plus grands ou plus petits, l’important réside dans l’amour, l’attention et le bien-être que reçoivent tous leurs membres.
Enfants uniques ou avec frères et sœurs : éduquer sans culpabilité
Actuellement, les familles composées d’un seul enfant constituent une réalité de plus en plus répandue. Il est important que les parents qui, pour diverses raisons, choisissent de n’avoir qu’un seul enfant, ne se sentent pas coupables de ne pas donner à leur premier-né un frère ou une sœur.
Malgré les préjugés qui persistent, la science a démystifié les mythes autour des enfants uniques. Grandir sans frère ou sœur ne devrait pas être associé à des désavantages, des avantages, des étiquettes ou des stéréotypes.
La clé du développement optimal de la personnalité d’un enfant dépend de l’affection, de l’éducation, des ressources et du temps que les parents lui consacrent. Il est donc temps de se concentrer sur une parentalité consciente, affectueuse et sans culpabilité, plutôt que sur la présence ou l’absence de frères et sœurs à la maison.
Bibliographie
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