La culpabilité et la maternité sont deux concepts qui semblent toujours aller de pair. C’est comme l’été et la plage, les pâtes et le fromage, ou Noël et les cadeaux. Mais, dans quelle mesure est-il vrai que le sentiment de culpabilité est inévitable une fois que nous devenons mère? Existe-t-il un moyen de réduire cette sensation désagréable?
Qu’est-ce que la culpabilité et quel est son mécanisme ?
La culpabilité est une émotion qui naît de la croyance ou du sentiment d’avoir transgressé un code moral, personnel ou social. Bien sûr, les causes de son apparition varient d’une personne à l’autre, mais elle découle toujours d’une auto-évaluation négative par rapport à son propre comportement. Comme toute émotion, elle a sa fonction adaptative, qui est d’apprendre de nos erreurs.
“La culpabilité a pour fonction de réguler les comportements sociaux indésirables et de favoriser la maîtrise de soi. Ainsi que de motiver la personne à réparer les dommages causés aux autres.”
-Enrique Echeburua-
La culpabilité est fonctionnelle lorsqu’elle est proportionnelle au facteur qui la déclenche et lorsqu’elle nous pousse à réparer l’action que nous percevons comme inappropriée. Comment fait-on pour le réparer ? Il peut s’agir de s’excuser ou d’essayer de ne pas commettre la même erreur la prochaine fois. Pensez comme ceci: vous avez crié après votre enfant pendant une crise de colère. Le sentiment de culpabilité a germé en vous, car ce que vous avez fait ne correspond pas à vos valeurs et critères d’éducation. Pour cela, vous lui avez présenté des excuses et avez fait plus attention à ne pas lui crier dessus à nouveau. De cette façon, vous cherchez à éviter des dommages futurs. Dans ce cas, la culpabilité a atteint son but.
Quand la responsabilité devient un lourd fardeau
Or, cette émotion prend souvent des formes dysfonctionnelles dans la maternité. En effet, elle apparaît dans l’excès et produit une énorme usure psychologique. Ainsi, elle a tendance à nous torturer et à nous paralyser. Assurément, occuper le rôle de mère monopolise une grande responsabilité. Bien que la représentation sociale de ce concept se soit transformée ces dernières années, dans l’imaginaire social, être une bonne mère suppose encore un ensemble de critères plus rigides que flexibles.
Lorsque vous vivez entre des exigences extrêmement élevées, on s’attend à ce que la culpabilité se manifeste fréquemment. Vous n’arrivez pas à comprendre tout de suite la raison des pleurs de votre bébé ? Vous vous sentez coupable. Il ne s’accroche pas bien à votre poitrine ? Vous sortez de chez vous pour travailler ? Prenez-vous un peu de temps pour vous ? Le rôle prépondérant de cette émotion repose sur la nécessité de se rapprocher le plus possible de ce que la culture détermine comme la mère parfaite. Vous voulez être, parce que vous éprouvez un amour indescriptible.
S’accepter en tant que “mère suffisamment bonne”
Donald Winnicot, psychanalyste et pédiatre britannique, évoque l’idée de la mère parfaite et propose un concept plus qu’apaisant : la mère suffisamment bonne. En termes simples, ce qu’il essaie de transmettre, c’est que bien que la fonction maternelle soit essentielle pour le développement émotionnel sain du bébé, il n’est pas nécessaire que la mère vise l’excellence. Il ne faut pas s’attendre à cela, puisque c’est impossible.
Stratégies pour faire face à la culpabilité pendant la maternité
Travailler pour vivre la maternité avec moins de culpabilité semble être une très bonne idée. Il ne s’agit pas de l’éliminer complètement, mais de l’empêcher de trop la vivre. Voici quelques stratégies d’adaptation pour réduire cette émotion :
- Identifiez et questionnez vos croyances : comme nous le voyons, la culpabilité dans la maternité est intrinsèquement liée aux croyances sur le concept de mère en tant que construction sociale. Il est important que vous reconnaissiez comment vous pensez qu’une mère devrait être et que vous réfléchissiez à vos critères. Sont-ils trop rigides ? Pourriez-vous les rendre plus flexibles ?
- Exprimez-vous par des mots : parlez à une personne de confiance de ce qui vous arrive. Qu’est-ce qui vous fait culpabiliser ? Pensez-vous que vous pourriez le réparer d’une manière ou d’une autre? En ce sens, s’exprimer avec d’autres mères peut soulager, puisque l’empathie sera présente.
- Évitez de vous comparer aux autres : les mères des camarades de votre enfant ne sont pas des mères parfaites. Vous n’êtes pas une mauvaise mère. Ni l’inverse. Chacun fait du mieux qu’il peut et suit son propre chemin. Une comparaison excessive a tendance à être très nocive. Un dicton célèbre dit que “le jardin du voisin a toujours l’air plus vert”. Essayez de ne pas idéaliser les autres mères.
- Réduisez votre propre exigence : travailler sur le perfectionnisme et l’hyper-exigence est une alternative intéressante pour atténuer le sentiment de culpabilité. Si vous pensez que vous ne pouvez pas le faire vous-même, n’hésitez pas à consulter un professionnel pour vous accompagner dans ce chemin.
- Évitez la pensée polarisée : Nous appelons la pensée polarisée la distorsion cognitive consistant à interpréter la réalité en termes de noir et blanc, sans tenir compte des points médians ou des gris. Ces pensées sont facilement identifiables. Car elles comportent généralement un mot déterminant tel que : jamais, toujours, rien, tout. Par exemple, “tout va mal” ou “je ne serai jamais une bonne mère”.
Il est possible de profiter de la maternité sans culpabilité
Enfin, vivre la maternité avec moins de culpabilité, c’est possible. Ce sentiment négatif entrave effectivement l’équilibre entre la responsabilité et la capacité d’être imparfaite. Avec une autocritique plus souple et un dialogue intérieur bienveillant, la maternité deviendra une expérience dont il sera possible de profiter.
Bibliographie
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- Echeburúa, E., De corral, P. & Amor, P. J. (2001). Estrategias de afrontamiento ante los sentimientos de culpa. Análisis y Modificación de Conducta, 27(116).
- Gonzalez, T.,C. (2021). Culpa y maternidad, una pareja soluble: variables psicológicas que influyen en el afrontamiento de la culpa. Facultad de Psicología y Logopedia. Universidad de La Laguna.
- Levy, N. (2010) La sabiduría de las emociones. Cómo interpretar el miedo, la culpa, la envidia, la vergüenza. Debolsillo.