C’est assurément un choc lorsqu’une mère prétend qu’elle ne veut pas voir ses enfants heureux. Cependant, aussi étrange que cela puisse paraître, cette mère a une raison de vouloir le contraire.
« Je ne veux pas que mes enfants soient heureux », tel était le titre d’une lettre qui a suscité une polémique mondiale. Mia Von Scha, mère et auteur du texte précité, est consciente du besoin de chaque parent de rendre ses enfants heureux. Elle sait que les parents vivent pour essayer de répondre aux besoins de leurs petits, et pour leur éviter toute tristesse ou déception.
L’environnement que nous créons pour que nos enfants se développent ressemble à une bulle impénétrable. Nous essayons d’éviter à tout prix qu’ils souffrent, qu’ils soient déçus ou qu’ils manquent d’amour. L’idée principale est qu’ils n’aient jamais à faire face à des situations qui génèrent des émotions négatives. Cependant, nous savons que c’est un objectif impossible à atteindre.
Pourquoi cette mère ne veut-elle pas que ses enfants soient heureux ?
Selon Mia, le bonheur n’existe pas. Elle croit qu’il n’y a aucun endroit où nous sommes suffisamment protégés pour ne pas être déçus. Par nature, les gens sont frustrés, en colère et tristes. Par conséquent, le bonheur ne devrait pas être le seul but de notre vie.
Elle ne veut pas que ses enfants soient heureux : elle demande seulement qu’ils soient réels, avec des sentiments de gens normaux. Elle explique ainsi que les vraies personnes ont des émotions mitigées. Toutes nos émotions, positives ou négatives, affectent le développement de chacun. Elles sont nécessaires, utiles et nous appartiennent totalement.
« Je veux que mes enfants soient libres d’être qui ils sont sur le moment, et qu’ils sachent qu’ils sont aimés sous tous leurs états. Je veux qu’ils se sentent en sécurité lorsqu’ils viennent vers moi avec leur douleur pour que nous puissions nous connecter et partager des histoires, des sentiments et notre propre humanité. »
-Mia Von Scha-
Si ses enfants vont être heureux, ils le seront de la même façon que nous le sommes. Quelqu’un peut-il dire, à propos de lui-même, qu’il est malheureux ? Les circonstances défavorables font partie de la vie, mais elles ne nous empêchent pas nécessairement d’être heureux. Les moments heureux existent, nous les vivons, nous les apprécions et nous nous en souvenons ; mais ce n’est pas un état permanent.
Est-il juste de dire que nous ne voulons pas qu’ils connaissent le bonheur ?
Il est étrange de penser qu’une mère ne veuille pas voir ses enfants heureux. Cependant, même si cela semble être une façon grossière de le dire, elle a peut-être raison. La prémisse peut être modifiée, mais elle pourrait perdre de sa force.
Cette façon d’exprimer le sentiment d’une mère nous amène assurément à réfléchir. Nous pouvons l’attaquer et nous sentir offensés. Cependant, la juger ne sert à rien. Au fond, nous voulons tous la même chose pour nos enfants.
Dans certains cas, il faut admettre qu’il est nécessaire de les laisser faire des erreurs. Chaque fois que nous les laissons choisir et soutenons leurs décisions, nous recherchons leur bonheur. Cependant, il n’y a aucune garantie qu’une telle décision soit la bonne et les rendra instantanément heureux.
Si l’enfant a choisi le bonbon le plus acide, nous savons qu’il n’aimera pas cela, mais nous acceptons son choix. Les émotions générées par une mauvaise décision font partie de son développement. Tous les parents, à un moment donné, ont laissé leurs enfants trébucher et tomber pour que cela leur serve d’apprentissage. Ce ne sera pas un moment heureux, mais cela leur sera utile dans la vraie vie.
Il est possible que ses paroles dures créent un choc. Néanmoins, la pensée de Mia Von Scha n’est pas très différente de celle des autres mères. Bien sûr, nous voulons les voir heureux : Mia le veut aussi. Cependant, pour y arriver, il faut passer par un chemin d’émotions diverses.
Les préparer à la vraie vie est une responsabilité que nous avons en tant que parents. Nous ne pouvons en aucun cas les empêcher de souffrir par amour ou par déception. Les laisser souffrir légèrement les prépare à affronter l’âge adulte. Il s’agit malgré tout d’une décision très complexe.