L'automutilation chez les adolescents, qu'y a-t-il derrière ?

A une étape aussi compliquée que l'adolescence, les jeunes peuvent succomber à des comportements qui compromettent sérieusement leur santé. L'automutilation chez les adolescents en fait partie. Que devons-nous savoir à ce sujet ?
L'automutilation chez les adolescents, qu'y a-t-il derrière ?

Dernière mise à jour : 03 janvier, 2019

Si votre enfant présente des coupures, des ecchymoses, des brûlures ou des blessures fréquentes, il est conseillé d’y prêter attention.  L’automutilation chez les adolescents est une manière de crier à l’aide.

Techniquement, ce comportement s’appelle l’automutilation non suicidaire. Jusqu’à tout récemment, le Manuel Diagnostic et Statistique des Troubles Mentaux (DSM) le considérait comme un symptôme associé à certains troubles mentaux.

De nos jours, alors que sa symptomatologie se traite à part, on commence à s’inquiéter de l’augmentation de l’incidence de ce problème. Dans les 30 dernières années, les cas se sont multipliés dans le monde entier.

L’âge auquel l’automutilation chez les adolescents commence se situe entre 12 et 16 ans. De même, il semble que 63% des jeunes continue cette pratique un an après. Cela montre clairement qu’il y a une grande population de jeunes qui sont pris dans ce comportement.

Les filles sont plus susceptibles d’avoir des lésions sanguines, comme des égratignures ou des coupures. Alors que les garçons ont tendance à se donner des coups ou se brûler. Ce qui est curieux c’est que, bien que les femmes soient plus sujettes à ces comportements, la différence avec les hommes s’est considérablement réduite.

Dans une étude réalisée par le Département de Psychologie Clinique et de Santé de l’Université de Madrid, ils concluent que 22% des adolescents européens se sont automutilés sans intentions suicidaires au moins une fois dans leur vie. De plus, ils sont parvenus à la conclusion que 8% d’entre eux le font de manière récurrente.

L’automutilation chez les adolescents: pourquoi le font-ils?

Pour être clair, nous pourrions dire que l’automutilation est une forme de drogue. Un anxiolytique plus puissant que tous ceux qui existent sur le marché. Pour les jeunes, cela “aide” à réguler leurs émotions.

Quand la peur, la colère, la tristesse et la rage apparaissent de façon récurrente et qu’ils ne savent pas comment les gérer, ils préfèrent provoquer une douleur physique qui leur fait oublier la douleur émotionnelle

Il s’agit d’un mécanisme d’évasion à travers lequel ils libèrent des tensions et atténuent ces sentiments négatifs.

L'automutilation chez les adolescents est comme une drogue qui leur permet de réguler leurs émotions sur le moment.

Il convient de souligner que ces actions ne sont pas impulsives, bien au contraire. Les adolescents les planifient, ils attendent d’être seuls et profitent de leur petit rituel avec les lames, les cigarettes et les objets pointus.

Comme dans d’autres toxicomanies, les jeunes éprouvent un faux sentiment de paix immédiatement après l’automutilation. C’est comme s’ils avaient pris une dose de drogue d’action immédiate.

Le problème survient lorsque, quelques minutes plus tard, l’anxiété revient en s’ajoutant au sentiment de culpabilité.

S’il est vrai qu’aucun d’entre eux ne veut se suicider, il est important de préciser que cela multiplie les possibilités d’essayer à l’avenir. L’intervention des parents dans ces cas est plus que nécessaire.

Existe-t-il une solution ?

L’automutilation chez les adolescents est un trouble qui requiert un traitement psychologique, c’est certain. Ils doivent comprendre que l’automutilation ne résout rien. Au contraire, elle ajoute encore plus de problèmes dans leur vie.

Nous devons comprendre ce qui se cache derrière cette conduite –dépressionanxiété, troubles alimentaires- et d’où vient-elle. C’est la seule façon de pouvoir y faire face. Dans de nombreuses thérapies, ils concentrent leurs efforts sur l’enseignement d’autres techniques de régulation émotionnelle. Par conséquent, il peut s’agir d’exercices physiques intenses, de douches avec de l’eau glacée voire même laisser les adolescents crier et frapper sur des coussins.

Il existe des organismes comme la Société Internationale d’Automutilation, présente dans 7 pays, qui aide et oriente par des thérapies, des guides et des ressources aussi bien pour les patients que pour les familles.

Il faut comprendre que l’automutilation chez les adolescents représente un puissant cri d’alarme. Leur demander pourquoi ils le font ne fera que les remplir davantage d’anxiété. Ils ont besoin de toute votre compréhension et empathie.

“22% des adolescents européens se sont automutilés sans intentions suicidaires au moins une fois dans leur vie. De plus, 8% d’entre eux le font de manière récurrente”

Une mode avec de nombreux adeptes

Cet autosabotage est devenu une mode avec son propre nom: cutting. Vous pouvez même trouver des conseils sur Internet sur la façon de le faire.

Sur Instagram, les photos et les vidéos de jeunes qui se vantent fièrement de leurs blessures n’ont aucun filtre de censure. Elles sont accessibles à tous ceux qui veulent les voir.

L'automutilation chez les adolescents se situe généralement entre 12 et 16 ans.

Bon nombre de ces jeunes le font pour le plaisir. Ils cherchent à sécréter un peu plus d’adrénaline et à compléter l’ultime défi viral avec un hashtag entre les deux.

Néanmoins, nous ne devons pas minimiser les signaux d’alarmes. Même si la plupart ne présentent pas de trouble de la personnalité, ils font face à des problèmes de faible estime de soià l’incapacité de vivre des relations saines et à une mauvaise intelligence émotionnelle.

La répercussion de l’automutilation chez les adolescents a été telle qu’un important réseau de télévision a récemment lancé la série Blessure ouverte, mettant en scène Amy Adams et qui aborde explicitement cette question.

Ce type de ressource ainsi que l’aide indispensable d’un professionnel peuvent vous aider à résoudre ce problème avec votre enfant.

 


Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.